Micromégas

Erstes Kapitel Reise eines Bewohners des Stern Sirius zum Planeten Saturn
Chapitre premier Voyage d'un habitant du monde de l'étoile Sirius dans la planète de Saturne
1.1 | 1.2 | 1.3 | 1.4 | 1.5
Zweites Kapitel Gespräch zwischen einem Bewohner des Sirius und dem des Saturn
Chapitre second Conversation de l'habitant de Sirius avec celui de Saturne
2.1 | 2.2 | 2.3
Drittes Kapitel Die Reise der zwei Bewohner des Sirius und des Saturns
Chapitre troisième Voyage des deux habitants de Sirius et de Saturne
3.1 | 3.2 | 3.3
Viertes Kapitel Was ihnen auf der Erdkugel zustieß
Chapitre quatrième Ce qui leur arrive sur le globe de la terre
4.1 | 4.2 | 4.3
Fünftes Kapitel Die Erlebnisse und Gedankengänge der zwei Reisenden
Chapitre cinquième Expériences et raisonnements des deux voyageurs
5.1 | 5.2 | 5.3
Sechstes Kapitel Das, was sie mit den Menschen erlebten
Chapitre sixième Ce qui leur arriva avec les hommes
6.1 | 6.2 | 6.3 | 6.4 | 6.5 | 6.6
Siebtes Kapitel Conversation avec les hommes
Chapitre septième Conversation avec les hommes
7.1 | 7.2 | 7.3 | 7.4 | 7.5 | 7.6 | 7.7 | 7.8 | 7.9

36,3 MB 36 MB

Chapitre second

Conversation de l'habitant de Sirius avec celui de Saturne

2.1
Après que Son Excellence se fut couchée, et que le secrétaire se fut approché de son visage : « Il faut avouer, dit Micromégas, que la nature est bien variée. – Oui, dit le Saturnien; la nature est comme un parterre dont les fleurs... – Ah ! dit l'autre, laissez là votre parterre. – Elle est, reprit le secrétaire, comme une assemblée de blondes et de brunes, dont les parures... – Eh ! qu'ai-je à faire de vos brunes ? dit l'autre . – Elle est donc comme une galerie de peintures dont les traits... – Eh non ! dit le voyageur; encore une fois la nature est comme la nature. Pourquoi lui chercher des comparaisons ? – Pour vous plaire, répondit le secrétaire. – Je ne veux point qu'on me plaise, répondit le voyageur ; je veux qu'on m'instruise : commencez d'abord par me dire combien les hommes de votre globe ont de sens . – Nous en avons soixante et douze, dit l'académicien, et nous nous plaignons tous les jours du peu . Notre imagination va au-delà de nos besoins ; nous trouvons qu'avec nos soixante et douze sens, notre anneau , nos cinq lunes , nous sommes trop bornés ; et, malgré toute notre curiosité et le nombre assez grand de passions qui résultent de nos soixante et douze sens, nous avons tout le temps de nous ennuyer. – Je le crois bien, dit Micromégas; car dans notre globe nous avons près de mille sens, et il nous reste encore je ne sais quel désir vague, je ne sais quelle inquiétude , qui nous avertit sans cesse que nous sommes peu de chose, et qu'il y a des êtres beaucoup plus parfaits . J'ai un peu voyagé ; j'ai vu des mortels fort au- dessous de nous ; j'en ai vu de fort supérieurs ; mais je n'en ai vu aucuns qui n'aient plus de désirs que de vrais besoins, et plus de besoins que de satisfaction. J'arriverai peut-être un jour au pays où il ne manque rien ; mais jusqu'à présent personne ne m'a donné de nouvelles positives de ce pays-là .» Le Saturnien et le Sirien s'épuisèrent alors en conjectures ; mais, après beaucoup de raisonnements fort ingénieux et fort incertains, il en fallut revenir aux faits. «Combien de temps vivez-vous ? dit le Sirien. – Ah! bien peu, répliqua le petit homme de Saturne. – C'est tout comme chez nous, dit le Sirien ; nous nous plaignons toujours du peu. Il faut que ce soit une loi universelle de la nature. – Hélas! nous ne vivons, dit le Saturnien, que cinq cents grandes révolutions du soleil. (Cela revient à quinze mille ans ou environ, à compter à notre manière.) Vous voyez bien que c'est mourir presque au moment que l'on est né ; notre existence est un point, notre durée un instant, notre globe un atome . A peine a-t-on commencé à s'instruire un peu que la mort arrive avant qu'on ait de l'expérience. Pour moi, je n'ose faire aucuns projets ; je me trouve comme une goutte d'eau dans un océan immense. Je suis honteux, surtout devant vous, de la figure ridicule que je fais dans ce monde.»

Zweites Kapitel

Gespräch zwischen einem Bewohner des Sirius und dem des Saturn

2.1
Nachdem seine Exzellenz sich hingelegt hatte und der Sekretär sich seinem Gesicht genähert hatte:" Man muss zugeben", sagte Micromégas, "dass die Natur sehr unteschiedlich ist." - "Ja, sagte der Saturner, die Natur ist wie ein Beet Blumen..." - "Ah!", sagte der andere, "lassen Sie das sein mit Ihren Beeten". "Sie ist", fuhr der Sekretär fort, "wie eine Versammlung aus Blonden und Brünetten, deren Erscheinung..." "Eh! Was hab ich mit Ihren Brünetten zu schaffen", erwiderte der andere. "Sie ist also wie eine Gemäldegalerie, deren Züge...". "Nein!", sagte der Reisende,"nocheinmal: Die Naturi ist wie die Natur. Warum sollte man sie mit etwas vergleichen?" "Um Ihnen zu gefallen", antwortete der Sekretär. "Ich wünsche nicht, dass man mir gefällt", antwortete der Riesende. Ich will, dass man mich belehrt. Sagen Sie mir also erst einmal wieviele Sinne die Menschen auf Ihrem Planeten haben." "Wir haben zweiundsiebzig", antwortete das Mitglied der Akademie und wir beklagen uns jeden Tag über diese geringen Anzahl. Unser Fantasie übersteigt unsere Bedürfnisse. Wir finden, dass wir mit unseren zweiundsiebzig Sinnen, unserem Ring, unseren fünf Monden zu beschränkt sind. Und ungeachtet unserer ganzen Neugier und unserer ziemlich großen Anzahl an Sinnen und den Leidenschaften, die darauf entstehen, langweiligen wir uns die ganze Zeit." "Das glaub ich wohl", sagte Micromégas, " weil auf unserem Globus haben wir fast 1000 Sinne und wir dennoch haben wir dieses und jenes vage Bedürfniss und diese und jene Sehnsucht, die uns ständig darauf hinweist, wie gering wir sind und dass es vollkommenere Wesen als uns gibt. Ich bin ein wenig gereist, habe Lebewesen gesehen, die uns überlegen sind, habe Lebewesen gesehen, die uns überragen. Aber ich habe keine getroffen die nicht mehr Wünsche, als tatsächlich Bedürfnisse hätten, und mehr Bedürfnisse, als Befriedigungen. Vielleicht komme ich eines Tages in das Land, wo nichts fehlt. Aber bis zum heutigen Tag konnte mir noch niemand über dieses Land eine Nachricht zukommen lassen". Der Saturner und der Siriusaner erschöpften sich dann in Mutmaßungen. Aber nach vielem sehr scharfsinnigem und unsicherem Nachdenken, war es an der Zeit, zu den Fakten zurückzukehren. "Wie lange leben Sie?", fragte der Siriusaner. "Ah! Nicht allzu lange", antwortete der kleine Mann vom Saturn. "Das ist ganz wie bei uns", sagte der Siriusaner", "wir beklagen uns ständig darüber, wie kurz die Zeit ist. Es scheint, dass dies ein Naturgesetz sei. " - "Leider leben wir nur", sagte der Saturnianer, "fünfhundert Sonnenumlaufbahnen. (Was in etwa 15000 Jahren entspricht, nach eurer Art gerechnet.) Sie sehen also, dass dies fast so ist, wie wenn man zum Zeitpunkt der Geburt stirbt. Unsere Existenz ist ein Punkt, unsere Dauer ein Augenblick, unser Globus ein Atom. Kaum hat man angefangen, etwas zu wissen, kommt auch schon, bevor man noch hätte Erfahrungen sammeln können, der Tod. Was mich angeht, so wage ich es nicht, ein Projekt zu startn. Ich fühle mich wie ein Tropfen Wasser in einem immensen Ozean. Ich schäme mich, vor allem vor Ihnen, ob der lächerlichen Figur, die ich auf dieser Erde abgebe."


2.2
Micromégas lui repartit: « Si vous n'étiez pas philosophe , je craindrais de vous affliger en vous apprenant que notre vie est sept cents fois plus longue que la vôtre ; mais vous savez trop bien que quand il faut rendre son corps aux éléments , et ranimer la nature sous une autre forme, ce qui s'appelle mourir ; quand ce moment de métamorphose est venu, avoir vécu une éternité, ou avoir vécu un jour, c'est précisément la même chose. J'ai été dans des pays où l'on vit mille fois plus longtemps que chez moi, et j'ai trouvé qu'on y murmurait encore. Mais il y a partout des gens de bon sens qui savent prendre leur parti et remercier l'auteur de la nature . Il a répandu sur cet univers une profusion de variétés avec une espèce d'uniformité admirable. Par exemple tous les êtres pensants sont différents, et tous se ressemblent au fond par le don de la pensée et des désirs. La matière est partout étendue ; mais elle a dans chaque globe des propriétés diverses. Combien comptez-vous de ces propriétés diverses dans votre matière ? – Si vous parlez de ces propriétés, dit le Saturnien, sans lesquelles nous croyons que ce globe ne pourrait subsister tel qu'il est, nous en comptons trois cents, comme l'étendue, l'impénétrabilité , la mobilité, la gravitation , la divisibilité, et le reste. – Apparemment, répliqua le voyageur, que ce petit nombre suffit aux vues que le Créateur avait sur votre petite habitation . J'admire en tout sa sagesse ; je vois partout des différences, mais aussi partout des proportions. Votre globe est petit, vos habitants le sont aussi; vous avez peu de sensations; votre matière a peu de propriétés ; tout cela est l'ouvrage de la Providence. De quelle couleur est votre soleil bien examiné ? – D'un blanc fort jaunâtre, dit le Saturnien; et quand nous divisons un de ses rayons, nous trouvons qu'il contient sept couleurs – Notre soleil tire sur le rouge, dit le Sirien, et nous avons trente-neuf couleurs primitives. Il n'y a pas un soleil, parmi tous ceux dont j'ai approché, qui se ressemble, comme chez vous il n'y a pas un visage qui ne soit différent de tous les autres.»
2.2
Micromégas erwiderte ihm:" Wären Sie kein Philosoph, befürchtete ich Sie durch die Mitteilung, dass unser Leben sieben mal solange dauert wie das Ihre zu betrüben. Aber Sie wissen nur zu gut, dass, ist der Moment, wo man seine Seele den Elementen übergibt und so die Natur in einer anderen Form neu belebt, was man sterben nennt, wenn der Moment der Metamorphose gekommen ist, es gleichgültig scheint, ob man eine Ewigkeit oder nur einen Tag gelebt hat, es ist genau das gleiche. Aber überall gibt es Leute mit gesundem Menschenverstand, die daraus Nutzen ziehen können und dem Schöpfer der Natur danken. Er hat über dieses Universum mit einer einförmigen Gattung eine Fülle an Unterschieden ausgestreut. Alle denkenden Wesen zum Beispiel sind unterschiedlich und alle ähneln sich im Grunde durch die Gabe des Gedankens und der Wünsche. Überall ist die Materie ausgebreitet, aber in allen Welten hat sie unterschiedliche Eigenschaften. Wieviele verschiedene Eigenschaften zählen Sie in Ihrer Materie? " "Wenn Sie von den Eigenschaften sprechen", erwiderte der Saturnianer, "ohne die wir uns die Welt, so wie sie nicht vorstellen könnten", "so kennen wir 300 davon, wie die Ausdehnung, die Undurchlässigkeit, die Beweglichkeit, die Anziehungskraft, die Teilbarkeit und all die anderen." "Offensichtlich", erwiderte der Reisende, genügt diese geringe Anzahl in den Augen des Schöpfers für euer kleines Zimmer. Ich bewundere seine Weisheit. Ich sehe überall Unterschiede, aber auch Verhältnismäßigkeiten. Eure Welt ist klein, eure Bewohner sind es auch. Ihr habt wenig Sinne, eure Materie hat wenig Eigenschaften. All dies ist das Werk der Vorsehung. Von welcher Farbe ist, genau betrachtet, die Farbe eurer Sonne?" "Von einem ziemlich gelblichen Weiß", antwortet der Saturianer. "Und wenn wir eine ihrer Strahlen aufteilen, entdecken wir, dass er aus sieben Farben besteht. " "Unsere Sonne besteht aus einem Rot", sagte der Siriusianer", "und wir haben 38 einfache Farben. Es gibt nicht eine einzige Sonne, unter all jenen, denen ich mich genähert habe, die dem gleicht, wie es bei euch kein Gesicht gibt, dass sich nicht von allen anderen unterschiede."

2.3
Après plusieurs questions de cette nature, il s'informa combien de substances essentiellement différentes on comptait dans Saturne. Il apprit qu'on n'en comptait qu'une trentaine, comme Dieu, l'espace, la matière, les êtres étendus qui sentent, les êtres étendus qui sentent et qui pensent, les êtres pensants qui n'ont point d'étendue; ceux qui se pénètrent, ceux qui ne se pénètrent pas, et le reste. Le Sirien, chez qui on en comptait trois cents et qui en avait découvert trois mille autres dans ses voyages, étonna prodigieusement le philosophe de Saturne. Enfin, après s'être communiqué l'un à l'autre un peu de ce qu'ils savaient et beaucoup de ce qu'ils ne savaient pas, après avoir raisonné pendant une révolution du soleil, ils résolurent de faire ensemble un petit voyage philosophique.
2.3
Nachdem er noch andere Fragen dieser Art gestellt hatte, informierte er sich über die Anzahl an grundlegend unterschiedlichen Substanzen die auf dem Saturn existieren. Er erfuhr, dass man derer nur 30 zählte, wie Gott, den Rau, die Materie, die platzgreifenden Wesen die fühlen, die platzgreifenden Wesen die fühlen und denken, die nicht platzgreifenden denkenden Wesen; die, die sich durchdringen, die, die sich nicht durchdringen, und die anderen. Der Siriusaner, in dessen Heimat man dreihundert zählte und der auf auf seinen Reisen noch weitere dreitausend kennen gelernt hatte, war vom Philosoph des Saturn überrascht. Schlussendlich, nachdem sie sich gegenseitig mitgeteilt hatten, was sie wußten und viel von dem, was sie nicht wußten, nachdem sie für die Dauer eines Umlaufs um die Sonne diskutiert hattten, beschlossen sie, zusammen eine Reise zu unternehmen.



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