Candide
et Martin allèrent en gondole
sur la Brenta, et arrivèrent
au palais du noble Pococuranté.
Les jardins étaient bien entendus,
et ornés de belles statues
de marbre ; le palais, d´une
belle architecture. Le maître
du logis, homme de soixante ans,
fort riche, reçut très
poliment les deux curieux, mais avec
très peu d´empressement,
ce qui déconcerta Candide
et ne déplut point à Martin.
D´abord deux filles jolies
et proprement mises servirent du
chocolat, qu´elles firent très
bien mousser. Candide ne put s´empêcher
de les louer sur leur beauté,
sur leur bonne grâce, et sur
leur adresse. « Ce sont d´assez
bonnes créatures, dit le sénateur
Pococuranté ; je les fais
quelquefois coucher dans mon lit
; car je suis bien las des dames
de la ville, de leurs coquetteries,
de leurs jalousies, de leurs querelles,
de leurs humeurs, de leurs petitesses,
de leur orgueil, de leurs sottises,
et des sonnets qu´il faut faire
ou commander pour elles ; mais, après
tout, ces deux filles commencent
fort à m´ennuyer.
Auf
einer Gondel auf der Brenta machten
sich Candide und Martin auf den Weg
und erreichten den Palast des adeligen
Pococuranté. Die Gärten
waren natürlich mit schönen
Marmorstatuen verziert, der Palast
ein schöner Bau. Der Herr des
Hauses, ein Mann um die sechzig Jahre,
sehr vermögend, empfing die
zwei Neugierigen sehr höflich,
wenn auch nur mit wenig Enthousiasmus,
was Candide verärgerte, Martin
aber keineswegs mißfiel. Zuerst
reichten zwei schöne und nett
hergerichtete Mädchen
Schokolade, die sie mit viel Schaum
zubereiteten. Candide kam nicht umhin,
ihre Schönheit, ihre Anmut und
ihr Geschick zu lobpreisen. "Das
sind ziemlich nette Geschöpfe,
sagte der Senator Pococuranté.
Manchmal lasse ich sie in meinem
Bett schlafen, weil ich der Damen
der Stadt, ihren Koketterien, ihren
Eifersüchteleien, ihren Streitigkeiten,
ihren Launen, ihrer Kleinkariertheit,
ihres Stolzes, ihrer Dummheiten und
der Sonette, die man für sie
machen oder für sie bestellen
muss, überdrüssign bin.
Aber schlussendlich langweiligen
mich diese zwei Mädchen ziemlich.
» Candide,
après le déjeuner,
se promenant dans une longue galerie,
fut surpris de la beauté des
tableaux. Il demanda de quel maître étaient
les deux premiers. « Ils sont
de Raphaël, dit le sénateur
; je les achetai fort cher par vanité,
il y a quelques années ; on
dit que c´est ce qu´il
y a de plus beau en Italie, mais
ils ne me plaisent point du tout
: la couleur en est très rembrunie,
les figures ne sont pas assez arrondies,
et ne sortent point assez ; les draperies
ne ressemblent en rien à une étoffe
: en un mot, quoi qu´on en
dise, je ne trouve point là une
imitation vraie de la nature. Je
n´aimerai un tableau que quand
je croirai voir la nature elle-même
: il n´y en a point de cette
espèce. J´ai beaucoup
de tableaux, mais je ne les regarde
plus. » Pocoruranté,
en attendant le dîner, se fit
donner un concerto. Candide trouva
la musique délicieuse.
Candide
auf seinem Spaziergang durch die
lange Galerie, den er nach dem Frühstück
machte, war überrascht von der
Schönheit der Bilder. Er fragte
den Besitzer, wer der Maler der ersten
beiden Bilder wäre. "Sie sind
von Raphael, sagt der Senator. Ich
habe aus Eitelkeit vor einigen Jahren
ziemlich viel dafür bezahlt.
Man sagt, dass sei das Schönste,
was es in Italien gibt, aber sie
gefallen mir überhaupt nicht.
Ihre Farben sind sehr dunkel, die
Figuren sind nicht rundlich genug
und stechen nicht genug hervor, die
Stoffverkleidung der Wände sehen
nicht aus wie Stoff. Kurz gesagt,
egal was man sagt, ich kann dort
keine wahre Imitation der Natur finden.
Ich liebe ein Bild nur dann, wenn
ich glaube dort die Natur selbst
zu finden. Von dieser Art gibt es
hier nichts. Ich habe viele Bilder,
aber ich betrachte sie nie." Pocoruranté,
ließ, während sie auf
das Abendessen warteten, ein Konzert
geben. Candide fand die Musik herrlich.
«Ce
bruit, dit Pocoruranté, peut
amuser une demi-heure ; mais s´il
dure plus longtemps, il fatigue tout
le monde, quoique personne n´ose
l´avouer. La musique aujourd´hui
n´est plus que l´art
d´exécuter des choses
difficiles, et ce qui n´est
que difficile ne plaît point à la
longue. J´aimerais peut-être
mieux l´opéra, si on
n´avait pas trouvé le
secret d´en faire un monstre
qui me révolte. Ira voir qui
voudra de mauvaises tragédies
en musique, où les scènes
ne sont faites que pour amener très
mal à propos deux ou trois
chansons ridicules qui font valoir
le gosier d´une actrice ; se
pâmera de plaisir qui voudra
ou qui pourra en voyant un châtré fredonner
le rôle de César et
de Caton, et se promener d´un
air gauche sur des planches ; pour
moi, il y a longtemps que j´ai
renoncé à ces pauvretés,
qui font aujourd´hui la gloire
de l´Italie, et que des souverains
payent si chèrement.»
"Dieser
Krach", sagte Pocoruranté, "kann
einen eine halbe Stunde lang amüsieren,
aber wenn es länger dauert,
ermüdet er alle, wenn auch niemand
wagt, dies zuzugeben. Die heutige
Musik ist nichts anderes als die
Kunst, komplizierte Sachen auszuführen,
und etwas, das lediglich kompliziert
ist, kann auf die Dauer nicht gefallen.
Vielleicht gefiele mir die Oper besser,
wenn man nicht einen geheimen Trick
gefunden hätte, aus ihr ein
Monster zu machen, welches mir mißfällt.
Möge wer immer dies wolle sich
diese schlechten Tragödien in
Musikform anhören, bei denen
die Szenen nur gemacht sind, um wenig
passend zwei oder drei lächerliche
Lieder anzuführen, die die Kehle
einer Schauspielerin in den Vordergrund
rücken. Möge wer auch immer
es wolle vor Vergnügen dahinschmelzen,
wenn er einen Kastraten die Rolle
des Cäsars oder Cato trällern
sieht, während er ungeschickt über
die Bretter spaziert. Was mich angeht,
ich habe schon seit langer Zeit auf
solche Jämmerlichkeiten verzichtet,
die heute den Ruhm Italiens ausmachen
und für die Könige soviel
bezahlen. "
Candide
disputa un peu, mais avec discrétion.
Martin fut entièrement de
l´avis du sénateur.
On se mit à table ; et, après
un excellent dîner, on entra
dans la bibliothèque. Candide,
en voyant un Homère magnifiquement
relié, loua l´illustrissime
sur son bon goût. «Voilà,
dit-il, un livre qui faisait les
délices du grand Pangloss,
le meilleur philosophe de l´Allemagne. – Il
ne fait pas les miennes, dit froidement
Pococuranté ; on me fit accroire
autrefois que j´avais du plaisir
en le lisant ; mais cette répétition
continuelle de combats qui se ressemblent
tous, ces dieux qui agissent toujours
pour ne rien faire de décisif,
cette Hélène qui est
le sujet de la guerre, et qui à peine
est une actrice de la pièce
; cette Troie qu´on assiège,
et qu´on ne prend point : tout
cela me causait le plus mortel ennui.
J´ai demandé quelquefois à des
savants s´ils s´ennuyaient
autant que moi à cette lecture
: tous les gens sincères m´ont
avoué que le livre leur tombait
des mains, mais qu´il fallait
toujours l´avoir dans sa bibliothèque,
comme un monument de l´antiquité,
et comme mes médailles rouillées
qui ne peuvent être de commerce. »
Candide widersprach ein
wenig, aber nur sehr diplomatisch.
Martin war ganz der Meinung des Senators.
Man setzte sich zu Tisch und nach
einem exzellenten Mahl, ging man
in die Bibliotheke. Candide lobte
den hohen Herrn über die Maße
für seinen Geschmack, als er
einen prächtig eingebundenen
Band von Homer sah. "Das ist ein
Buch, dass Pangloss, dem besten aller
Philosophen in Deutschland Vergnügen
bereitete. " "Mir nicht, antwortete
Pococuranté kalt. Man redete
mir einmal ein, dass ich Vergnügen
fände, es zu lesen. Aber diese
ewige Wiederholung von Kämpfen,
die sich alle ähneln, diese
Götter, die ständig etwas
machen, aber nie nie entscheidend
vorankommen, diese Helena, die der
Grund des Krieges, aber nie als handelnde
Person in Erscheinung tritt, diese
Troya, dass man zwar belagert, aber
nie einnimmt, alles das verursachte
mir tödliche Langeweile. Ich
fragte einmal einige weise Männer,
ob sie sich bei der Lektüre
genau so langweilten wie ich. Alle
ernsthaften Männer gaben zu,
dass ihne das Buch aus der Hand fiel,
aber dass man es dennoch unbedingt
in seiner Bibliothek haben müsse,
als ein Denkmal der Antike, und wie
verrostete Medaillen, die nicht mehr
als Zahlungsmittel taugen.